Rehausser les normes du secteur de la construction

André Mylocopos aborde la question des normes dans le secteur de la construction

En juillet 2024, André Mylocopos a été interviewé par Construction Business Review. Nous publions une traduction libre de cet entretien avec l’autorisation du magazine. Pour lire l’article original en anglais : Raising the standards of the construction sector


Rehausser les normes du secteur de la construction

André Mylocopos, Premier directeur principal, Modes alternatifs et projets majeurs chez CIMA+

André Mylocopos est actuellement Premier directeur principal pour les projets majeurs et les modes alternatifs chez CIMA+, une société canadienne de génie-conseil établie au Canada. Ingénieur civil expérimenté en structure et en construction, il a plus de trente-quatre ans d’expérience et a fait ses preuves en matière de leadership, d’innovation et de collaboration dans le cadre de projets de construction d’infrastructures à grande échelle.

 

 

Quelles sont vos initiatives récentes pour aider les clients en matière de réduction des coûts et quels sont les défis auxquels le secteur est confronté depuis quelque temps ?

Les méthodes collaboratives de réalisation de projet, comme la réalisation de projet intégré et les alliances, gagnent du terrain et permettent d’atténuer les risques et d’optimiser les résultats. Cependant, des défis persistent, notamment la pénurie de main-d’œuvre qui fait grimper les coûts et retarde les projets, ainsi que l’augmentation des dépenses découlant des réglementations, des préoccupations environnementales et de la complexité des contrats. Il est primordial de gérer ces défis tout en adoptant les avancées technologiques et les approches novatrices en matière de réalisation de projet.

« La flambée des coûts de construction est attribuée à divers facteurs, dont les pénuries de main-d’œuvre dues au vieillissement de la population active et à l’insuffisance des incitatifs au recrutement. Les pénuries de main-d’œuvre ont fait grimper les salaires, entraînant des coûts de main-d’œuvre plus élevés, et ont causé des retards coûteux dans les projets. La complexité des opérations, l’évolution constante de réglementations strictes, de même que l’inflation, les perturbations et les pénuries qui affectent la chaîne d’approvisionnement contribuent également à l’augmentation des coûts et à l’aversion des entrepreneurs pour le risque. »

 

Quels sont les facteurs qui ont provoqué l’augmentation des coûts de construction récemment et comment envisagez-vous l’avenir du secteur ?

L’augmentation rapide des coûts de construction dans une grande partie du monde occidental stimule l’innovation et le changement pour éviter d’étouffer la croissance économique. À l’avenir, le secteur de la construction donnera la priorité au développement durable grâce à des technologies de pointe comme l’IA-robotique, l’impression 3D, la construction hors site et les modèles collaboratifs de réalisation de projet qui réduisent les risques pour l’entrepreneur. Les initiatives expérimentales potentielles dans le secteur de la construction consistent à tirer parti d’outils alimentés par l’IA et de la robotique pour améliorer la productivité et la sécurité sur les chantiers. Remédier aux pénuries de main-d’œuvre par des initiatives tripartites entre le gouvernement, l’industrie de la construction et les organisations syndicales, afin d’accroître le recrutement pour la formation professionnelle, et adopter des sources de main-d’œuvre diverses et innovantes, contribuera à stimuler la résilience et la croissance de l’industrie de la construction face aux changements rapides.

 

En tant que leader, quelles sont les pratiques, les technologies et les stratégies que les chefs d’entreprise devraient, selon vous, prendre en compte ?

Les chefs d’entreprise doivent se tenir au courant de l’évolution des pratiques industrielles et des progrès technologiques en participant activement à des forums, à des conventions et à des programmes de formation continue, que ce soit de manière autodidacte ou par l’intermédiaire d’entreprises spécialisées. Les plateformes logicielles collaboratives abondent et offrent aux entreprises la possibilité d’accroître considérablement la productivité des employés et employées sans augmenter les effectifs, et ce moyennant des dépenses informatiques modérées.

À mesure que la technologie de la construction, l’informatique quantique et l’IA évoluent, la prise en compte des applications et tendances futures susceptibles de révolutionner l’industrie doit être incluse et analysée dans les futures stratégies organisationnelles pour permettre à l’entreprise de rester concurrentielle. L’adaptation à ces avancées, qu’elles soient progressives ou qu’elles transforment le marché, différenciera les entreprises de premier plan et leur capacité à accéder aux meilleurs talents, à gérer les risques, à améliorer l’efficacité interne et l’efficacité de l’exécution des projets, ainsi qu’à générer des profits là où leurs concurrents ne peuvent pas le faire.

L’évolution de l’environnement réglementaire pour les évaluations d’impact liées à une série de préoccupations environnementales (qui sont nombreuses), la licence sociale, le développement durable, la participation de la communauté et d’autres exigences — tout cela affecte l’acceptabilité, la délivrance des permis et les retards de démarrage des projets en général. Les systèmes experts pilotés par l’IA qui peuvent effectuer des tâches de recherche banales et fastidieuses, comme la collecte d’information et l’automatisation du contrôle de la qualité dans la gestion des documents, peuvent peut-être constituer une solution partielle à l’organisation de l’information dans le but de rationaliser les processus nécessaires pour remédier à cette situation.

 

Quels conseils donneriez-vous aux leaders et aux professionnels du secteur de la construction d’aujourd’hui ?

Il faut accorder la priorité à l’acquisition de connaissances spécifiques à l’industrie, mais aussi à une connaissance étendue des industries connexes ou associées, par un engagement proactif permettant de naviguer efficacement à travers les avancées et les changements technologiques rapides. En outre, tout cela ne se produit pas dans le vide, de sorte que les tendances mondiales, de la politique à l’investissement en passant par la fabrication, les logiciels, l’énergie, les transports et les sciences de pointe, doivent être envisagées et analysées, car une entreprise informée est une entreprise performante et compétitive.

L’apprentissage et l’adaptation continus sont indispensables pour persister dans un paysage où prospèrent à la fois les grandes entreprises et les acteurs de niche, ce qui souligne la nécessité d’être attentif et agile pour pouvoir tirer parti de la technologie et capitaliser sur des opportunités éphémères.

De nombreuses entreprises se sont dotées de chefs de la direction technologique et de chefs de la direction de l’information, car la capacité d’une entreprise à tirer parti des possibilités créées par la technologie est essentielle pour survivre à l’évolution du secteur et du monde. La collaboration, tant à interne qu’avec d’autres acteurs, est essentielle pour rester au fait des tendances et des défis de l’industrie et s’assurer que l’information est reçue là où elle est nécessaire et en temps voulu. Les silos et les fiefs menacent les résultats de l’entreprise et, en fin de compte, sa survie dans les prochaines années. D’où la question que tout conseil d’administration ou PDG devrait se poser : avons-nous la bonne stratégie, la bonne structure et les bons effectifs pour aujourd’hui et pour l’avenir ?

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