Les gens derrière CIMA+ : Ellen McLaughlin

Ellen est une ingénieure en planification des transports avec près d’une décennie d’expérience. Elle a travaillé sur une variété de projets allant du développement d’infrastructures cyclables pour « All Ages and Abilities »  aux micro- et macro-modèles de circulation. Son expertise technique est accompagnée d’une solide compétence en matière d’engagement communautaire, ce qui lui a permis d’identifier les problèmes de sécurité et de circulation pour tous les modes de déplacement.

Ellen a récemment obtenu la certification de professionnel de la sécurité routière (niveau 1), administrée par le Transportation Professional Certification Board, dont l’objectif est de « reconnaître la sécurité routière comme une profession, d’établir un niveau reconnu de pratique et de connaissance, et d’encourager l’éducation à la sécurité ».

 

Pourquoi avez-vous choisi l’ingénierie ? Qu’est-ce qui vous plaît dans ce domaine ?

Devenir ingénieure en transport est le fruit d’une série d’heureux hasards. Lorsque j’ai accompagné mon père, ingénieur civil, dans le cadre de la journée « Emmenez votre enfant au travail », en 9e année, j’étais persuadée que je ne deviendrais jamais ingénieure. Passer mes journées à faire des mathématiques ! Je ne crois pas ! Mais au collège, j’ai reconnu mes points forts en mathématiques et en sciences et, après avoir écarté la paléontologie comme option de carrière viable, l’ingénierie m’a semblé un bon choix. Je me suis engagée dans le domaine des transports lorsque j’ai suivi mon premier cours sur les structures de chaussée, et ma première année de travail a été consacrée à la construction de routes urbaines et rurales.

Au début de ma carrière, un mentor a dû voir quelque chose en moi et m’a fait découvrir la planification des transports, le génie de la circulation et la sécurité routière. J’ai été immédiatement captivée et intriguée par la façon dont les humains interagissent, consciemment ou non, avec les villes et les espaces qui nous entourent : comment nous façonnons l’environnement bâti et comment nous sommes façonnés par lui.

Que signifie l’ingénierie pour vous ?

L’urbanisme et le génie de la circulation ont une longue histoire de discrimination à l’égard des communautés marginalisées en Amérique du Nord. Par exemple, Robert Moses, qui a ordonné aux ingénieurs new-yorkais de construire des ponts autoroutiers à faible hauteur pour empêcher les personnes utilisant les autobus (Moses avait un préjugé particulièrement défavorable à l’égard des communautés noires et portoricaines) d’accéder aux plages et aux parcs historiquement riches et occupés par des Blancs, l’héritage raciste des autoroutes urbaines, et la démolition d’Africville à Halifax - pour n’en citer que quelques-uns. Ces décisions ont conduit à un mode de pensée et de planification très centré sur l’automobile, que nous observons encore aujourd’hui.

L’ingénierie est ma façon de rendre à la communauté ce qu’elle m’a donné et de réparer les dommages causés par nos prédécesseurs. Notre travail permet de transporter des biens et des services commerciaux, de réduire les délais d’intervention des services d’urgence, d’éliminer les obstacles pour les personnes à mobilité réduite et de rétablir les liens entre les gens. Plus important encore, l’ingénierie peut nous faire prendre conscience du lien entre l’équité sociale, la santé, l’urbanisme et notre choix de mode de transport.

Quel est l’aspect le plus gratifiant de votre travail ?

L’ingénierie des transports est l’un des rares domaines où presque chaque personne interagit consciemment avec nos concepts. Il peut en résulter des interactions neutres ou négatives avec des « experts de salon », des personnes aux opinions bien arrêtées qui ne sont pas disposées à s’engager dans des solutions fondées sur des preuves ou des données qui vont à l’encontre de leurs convictions.

À l’inverse, il peut en résulter des interactions très positives ! Lorsque les gens me rencontrent et en apprennent davantage sur mon travail, cela suscite de la curiosité et des conversations sincères sur la façon dont nous nous déplaçons dans nos communautés. Je suis convaincue qu’une population ayant des connaissances en matière d’aménagement du territoire est un élément essentiel de notre avenir durable, en particulier lorsqu’il s’agit de susciter la volonté politique d’opérer des changements. Une population qui comprend la relation entre les règlements de zonage, les exigences minimales en matière de stationnement et notre culture actuelle de dépendance à l’égard de l’automobile est une population qui peut exiger des changements de la part de nos décideurs politiques et de nos dirigeants.

Lorsque j’ai rejoint CIMA+ en 2023, j’espérais concentrer mon attention sur trois points : la sécurité routière, le transport actif et la modélisation de la circulation. J’ai été étonnée par le soutien que j’ai reçu pour mener à bien ces types de projets ! Ce soutien nous a permis de décrocher de nombreux projets qui correspondent à mes domaines d’intérêt.

Quel projet de CIMA+ vous a semblé le plus exigeant ? Pourquoi ?

Deux projets ont été très exigeants pour moi, pour des raisons très différentes.

L’examen de la sécurité de College Drive et de l’avenue Wiggins alors qu’elles étaient opérationnelles a été un projet difficile d’un point de vue personnel. Cet examen a eu lieu à la suite d’une collision mortelle entre la cycliste Natasha Fox et le conducteur d’un camion de béton. Bien que toutes les collisions puissent être évitées grâce à des routes et à des véhicules plus sécuritaires, à des vitesses moins élevées et à un aménagement du territoire plus sécuritaire, cette collision particulière a eu une résonance particulière pour moi. Natasha et moi avions beaucoup de points communs : toutes deux âgées d’une trentaine d’années, ferventes cyclistes et anciennes élèves de l’université de Saskatchewan. Lorsque je visite Saskatoon, j’emprunte régulièrement à vélo le même itinéraire que celui qu’elle a emprunté ce jour-là. Ce projet nous a rappelé brutalement que l’approche Vision Zéro et celle axée sur des systèmes sécuritaires visant à améliorer la sécurité routière pour tous les usagers doivent être prises au sérieux, et que notre investissement financier dans la sécurité routière doit être proactif plutôt que réactif à la suite d’un accident mortel.

Le projet Saskatoon Link Bus Rapid Transit (BRT) a également été un défi d’un point de vue technique. CIMA+ est responsable de la conception détaillée du premier système SRB de Saskatoon. Dans le cadre de ce projet, nous avons développé un modèle de microsimulation à l’aide de PTV Vissim, un outil de prévision de la circulation, afin de simuler et de visualiser les impacts sur les automobilistes, les piétons et les usagers des transports en commun à la suite de la mise en place de voies réservées aux transports en commun sur College Drive. Le travail de modélisation m’a obligée à élargir très rapidement mes connaissances sur Vissim, depuis les fonctions de base jusqu’aux fonctions complexes de synchronisation des signaux, de préemption des transports en commun et d’activité des piétons aux stations de transport en commun. Cette expérience autodidacte a été extrêmement gratifiante et n’aurait pas été possible sans le soutien des employés et employées de nos bureaux en Ontario.

Selon vous, quel est le domaine le plus prometteur pour l’avenir ?

La Saskatchewan commence à peine à investir dans des projets de transport de moyenne ou grande envergure axés sur le transport actif, les transports en commun et la sécurité routière. Par le passé, certains projets incluaient des aspects de ces éléments, mais nous voyons de plus en plus d’opportunités qui se concentrent entièrement sur le transport durable et sécuritaire. Parmi les projets récents, citons le cadre de sécurité routière Vision Zéro à Regina, le BRT Link de Saskatoon et quelques projets de pistes cyclables et de sentiers à usage partagé. J’espère que la Saskatchewan continuera à progresser dans ces domaines.

Quel passe-temps vous aide à vous détendre ? Que faites-vous pour vous changer les idées pendant la fin de semaine ?

Ma passion pour la planification des transports déborde sur tous les aspects de ma vie. Je viens d’entamer mon mandat de présidente de l’Institute of Transportation Engineers - Saskatchewan Section (ITE-SK) après avoir siégé bénévolement au conseil d’administration pendant cinq ans. Je suis également bénévole auprès de Bike Regina, notre groupe local de défense des navetteurs cyclistes, où j’anime des ateliers, des randonnées en groupe et des activités de sensibilisation du public afin de réduire les obstacles à la pratique sécuritaire du vélo dans la ville.

Je suis un véritable « esprit universel » en ce qui concerne mes passe-temps. Je joue de la contrebasse dans un orchestre communautaire, j’apprends à broder, nous avons récemment acquis un billard électrique et mes costumes d’Halloween sont dignes d’être récompensés !

Enfin, la meilleure façon d’apprécier les Prairies (surtout l’hiver) est de trouver un sport pour chaque condition météorologique. Chaud et venteux ? Faites de la planche à voile. Froid et venteux ? Faites de la planche à voile sur neige. Chaud et calme ? Faites une promenade à vélo. Froid et calme ? Faites du ski de fond. Nous avons tout ce qu’il faut !

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