Comptant parmi les 13 seuls Fellows LEED au Canada, Jason Packer est à l’avant-garde de la conception durable et du leadership environnemental. Dans cette entrevue, il partage son point de vue sur le rôle essentiel que jouent les ingénieurs et ingénieures dans l’élaboration d’un avenir résilient à faibles émissions de carbone. Jason incarne l’engagement de CIMA+ envers des solutions intégrées et novatrices qui génèrent une valeur à long terme pour nos clients, nos communautés et la planète.
Être l’un des 13 seuls Fellows LEED au Canada est une distinction rare. Que signifie cette reconnaissance pour vous et comment influence-t-elle votre approche de l’ingénierie durable ?
Devenir un Fellow LEED est un honneur. C’est gratifiant de voir mes efforts reconnus, mais cela reflète également la collaboration et le soutien de mes pairs, de nos clients et d’une communauté engagée dans la transformation durable. Cela souligne ma responsabilité de montrer l’exemple, de guider les autres et de promouvoir des solutions qui améliorent à la fois l’environnement et la vie des gens. Cela me rappelle que notre travail ne se limite pas à la conformité, mais qu’il s’agit d’avoir un impact et de repousser sans cesse les limites de ce qui est possible en matière d’ingénierie durable.
Vous avez placé le design durable et la performance environnementale au cœur de votre travail. Qu’est-ce qui a motivé cet engagement et pourquoi pensez-vous qu’il soit désormais essentiel dans tous les secteurs ?
Je suis un amoureux de la nature depuis toujours. J’ai grandi dans une petite communauté et j’ai passé la plupart de mon temps dehors, dans les bois. Aujourd’hui encore, c’est dans la nature que je suis le plus heureux. Cela m’a conduit à faire carrière dans un domaine qui soutient et favorise un environnement bâti qui renforce les liens entre les êtres humains et avec la nature.
Au début de ma carrière, j’ai constaté qu’il existait un fossé entre l’excellence technique et l’intendance environnementale, et j’ai su que nous pouvions faire mieux. Aujourd’hui, ce besoin est urgent et indéniable. Le développement durable ne devrait pas être une spécialité, mais une compétence fondamentale. Chaque secteur doit considérer la résilience, les risques climatiques et la responsabilité écologique non seulement comme des obligations, mais aussi comme des opportunités d’innovation et de création de valeur à long terme.
Comment voyez-vous les pratiques de construction verte et les certifications comme LEED contribuer de manière mesurable et significative à la composante « E » (performance environnementale) de l’ESG ?
Les certifications LEED et autres certifications délivrées par des tiers fournissent à la fois un cadre (ou une recette pour la construction verte) et un système d’obligation de rendre compte. Elles traduisent les intentions environnementales en résultats spécifiques et mesurables.
En matière d’ESG, les certifications permettent d’aligner les décisions prises au niveau des projets sur les objectifs de développement durable de l’organisation, en attestant de manière indépendante que ces objectifs sont atteints. Cette transparence renforce la confiance des investisseurs, des autorités réglementaires et des communautés, tout en encourageant les professionnels à s’améliorer constamment.
Au-delà des certifications, comment un état d’esprit axé sur le développement durable peut-il transformer la manière dont nous concevons et réalisons nos projets d’ingénierie ?
Le développement durable signifie simplement penser à long terme. C’est littéralement la capacité à adopter des pratiques qui seront applicables à perpétuité, à vivre selon ses moyens ou ceux de la planète. Un véritable état d’esprit orienté vers le développement durable pose dès le départ des questions plus fondamentales : Quel est l’objectif à long terme de ce projet ? À qui profite-t-il ? Comment peut-il régénérer les écosystèmes ou contribuer au bien-être des gens, plutôt que de simplement minimiser les dommages ? Dans cette optique, nous ne nous contentons pas de « faire moins de mal », nous générons des retombées positives. Cela influence la manière dont nous impliquons les parties prenantes, dont nous définissons la réussite et dont nous innovons en matière de matériaux, de systèmes et de stratégies. Il ne s’agit pas simplement de cocher des cases, mais de transformer notre rôle de concepteurs en celui d’intendants.
Les bâtiments ont un impact environnemental considérable. Beaucoup de gens se sentent concernés par l’environnement et impuissants face à ce problème. Nous travaillons justement dans un secteur qui peut faire quelque chose pour y remédier. Une réflexion à long terme nous impose de passer à la vitesse supérieure. Cela dit, les solutions sont peut-être plus proches que nous le pensons ! La transformation peut être rapide : le coût des panneaux solaires photovoltaïques et des batteries a chuté de 80 à 90 % au cours de la dernière décennie, et cette tendance se poursuit. Depuis mes débuts dans la profession, les téléphones intelligents ont condensé toute la technologie qui se trouvait autrefois dans une salle entière dans la paume de votre main. Nous avons le pouvoir de repenser et de redessiner radicalement l’environnement bâti pour le rendre plus efficace, plus résilient et plus agréable.Forme
Selon vous, quel sera le prochain grand défi ESG pour l’environnement bâti, et comment des experts comme vous peuvent-ils aider les organisations à le relever de manière innovante et avec intégrité ?
Les défis sont nombreux : résilience climatique, préservation et restauration des habitats, et nécessité de voir à ce que l’environnement bâti réponde aux besoins des gens.
Le bilan carbone sur l’ensemble du cycle de vie est un sujet important. Nous devons tenir compte de l’énergie consommée pendant l’exploitation, mais aussi des émissions intrinsèques tout au long du cycle de vie d’un bâtiment. Pour y parvenir, il faut tout repenser, de la conception à la déconstruction. Encore une fois, il faut penser à long terme. En tant qu’experts, nous devons intégrer la réflexion sur le cycle de vie à chaque phase du projet et travailler de concert avec nos clients afin de prendre des décisions climato-intelligentes qui soient à la fois réalistes et convaincantes.
L’intégrité ne consiste pas seulement à briguer des certifications, mais aussi à se demander : « Quelle est la bonne chose à faire ici, et comment pouvons-nous inciter les autres à faire de même ? »