Tracer la voie : L’impact des femmes dans le monde du transport

Bienvenue sur notre nouvel article de blogue, dédié à l’exploration des contributions et perspectives uniques des femmes leaders dans l’industrie du transport. Mettant en lumière leurs réussites notables, nous examinons de près le rôle essentiel des femmes dans ce secteur dynamique. Pour une nouvelle perspective du monde du transport, où les expériences des femmes jouent un rôle central dans sa transformation.

Découvrez :

  • Valérie Proulx-Brisson — Génie routier
  • Isabelle Charpentier — Mobilité et planification des transports
  • Martine Beaulieu — Pont et ouvrages d’art
  • Claudie-Anne Boulich — Gestion de la circulation
  • Julie Poirier — Maritime et portuaire

1. Qu’est-ce qui vous a incité à poursuivre une carrière en génie-conseil ? Y a-t-il eu des expériences spécifiques ou des modèles qui ont influencé votre décision ?

Julie

Pour ma part, l’orientation vers une carrière en génie civil a été initiée par l’influence de mon grand-père pendant mes études au cégep en architecture. Mon grand-père, entrepreneur de renom dans le développement résidentiel, m’impliquait fréquemment sur ses chantiers, où j’apportais mon assistance. Il a rapidement discerné mes compétences en résolution de problèmes ainsi que ma passion pour l’action et la logistique des travaux de chantier de construction. Observant mon potentiel à relever des défis techniques, il m’a conseillé de poursuivre ma carrière en génie-conseil. J’ai suivi ce conseil et n’ai jamais regretté ce choix.

2. Dans un domaine à prédominance masculine comme l’ingénierie, avez-vous été confrontée à des défis particuliers et comment les avez-vous surmontés ?

Isabelle

Après plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du génie civil en tant que femme, il est indéniable que j’ai rencontré divers défis. Parmi eux, celui de gagner le respect dans un milieu largement masculin demeure prégnant. Je me souviens encore de mon premier chantier en 1998, où le surveillant principal, cherchant à être humoristique, m’avait symboliquement remis un balai pour nettoyer la roulotte. Les sifflements des travailleurs et les remarques parfois grossières ou sexistes ont également constitué des situations délicates. Dans de telles circonstances, il est impératif de faire preuve de répartie, de rester fidèle à nos convictions et de riposter avec assurance.

Les défis ne se limitent pas uniquement à notre environnement professionnel, mais englobent aussi des aspects intrinsèques. En tant que femmes, nous avons parfois tendance à attendre le moment opportun pour exprimer notre point de vue ou à rechercher l’ensemble complet de compétences avant de nous porter candidates à des postes ou à des rôles stimulants. Ainsi, j’ai entrepris de travailler sur cette facette de ma personnalité, me rappelant régulièrement les mots de mon père à mes sœurs et moi : « Il y a un morceau de gâteau pour toi, mais si tu ne le prends pas, quelqu’un d’autre le fera à ta place. » Le défi consiste à prendre sa place tout en respectant ses propres valeurs.

 

3. Pouvez-vous nous parler d’un projet ou d’une réalisation dont vous êtes particulièrement fière dans votre carrière d’ingénieure ? Quels ont été les principaux défis et comment les avez-vous relevés ?

Claudie-Anne

Je suis fière de ma contribution au développement du maintien de circulation, aujourd’hui essentiel pour les projets routiers en milieu bâti. Au début de ma carrière, cette discipline était souvent associée à la signalisation, avec l’idée répandue que ça prend un ingénieur pour poser des panneaux. Il y a 30 ans, l’utilisation des principes de circulation était moins répandue. La sensibilisation des équipes de concepteurs de différentes disciplines a été fructueuse, instaurant le réflexe d’ajuster les conceptions pour une cohabitation viable avec l’environnement dès les premières étapes d’un projet.

Je suis également fière de constater qu’un nombre impressionnant d’ingénieurs ont du maintien de la circulation dans leur spécialité, sans eux la coordination des entraves des différents donneurs d’ouvrage serait impossible.

Le principal défi résidait dans la résistance des donneurs d’ouvrage à imposer un encadrement plus contraignant aux entrepreneurs dans les plans et devis. Pour les persuader, j’ai mis en avant les impacts des plaintes citoyennes pendant la réalisation, démontrant que le coût lié à l’ajustement des configurations en attente dépassait celui consacré à la conception lors de la préparation des plans et devis. Obtenu sans l’aval du milieu, le changement nécessitait le soutien crucial d’entrepreneurs influents. Mettre en évidence les avantages d’un canevas de phasage prédéterminé lors de la préparation des soumissions a dissipé les réticences, confirmées par un essai réussi sur le projet initial de la dalle de l’autoroute 15.

 

4. Comment pensez-vous que la diversité et l’inclusion contribuent à l’innovation dans l’ingénierie, et quelles mesures peuvent être prises pour encourager davantage de femmes à entrer et à s’épanouir dans ce domaine ?

Martine

L’intégration de la diversité et de l’inclusion doit être ancrée dans la culture du travail d’équipe. Dans un environnement qui favorise ces valeurs, les divers points de vue et approches sont accueillis favorablement. Cette approche, témoignant d’une grande ouverture d’esprit, offre à chaque membre de l’équipe l’opportunité d’être entendu et pris en considération, créant ainsi un terreau propice à l’émergence des meilleures idées et de l’innovation. La capacité d’écoute des femmes constitue un atout, favorisant leur épanouissement dans un contexte propice à l’innovation.

 

5. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui envisagent de faire carrière dans l’ingénierie, sur la base de votre propre expérience et de votre parcours ?

Valérie

Je recommande aux jeunes femmes de ne pas se laisser influencer par certains préjugés persistants dans l’industrie. Dans le domaine de l’ingénierie, notamment dans le secteur des transports, le nombre de femmes augmente à divers niveaux hiérarchiques. Tout au long de ma carrière, j’ai rarement ressenti une discrimination en raison de mon genre. Il est essentiel de prendre sa place et d’interagir activement avec ses collègues. Profiter des opportunités offertes, que ce soit dans le cadre de formations, de mentorats ou autres, est également un conseil précieux.

6. À votre avis, quels sont les développements ou les tendances les plus passionnants dans votre domaine spécifique de l’ingénierie à l’heure actuelle, et comment pensez-vous qu’ils façonneront l’avenir de l’industrie ?

Julie

L’évolution vers des dimensions plus importantes des navires de marchandises nécessite des ajustements considérables dans les ports. Ces adaptations engendrent des défis stimulants pour modifier les infrastructures existantes, notamment en approfondissant et protégeant les structures pour accommoder le tirant d’eau accru de ces navires. Une tendance particulièrement enthousiasmante réside dans le désir des propriétaires d’installations portuaires de réaliser des projets d’expansion ou de modification sans interrompre leurs services, créant ainsi des défis logistiques significatifs. La clé réside dans l’imagination et la proactivité pour anticiper les problématiques de gestion et d’exploitation du site en lien avec la séquence des travaux, tout en proposant des solutions adaptées à chaque situation.

 

7. En tant que femme en génie-conseil, avez-vous trouvé que le mentorat était un facteur important dans votre développement professionnel ? Comment le mentorat a-t-il joué un rôle dans votre carrière ?

Claudie-Anne

Absolument, je considère que le mentorat a été un élément crucial dans mon parcours en génie-conseil, particulièrement en évoluant dans un environnement majoritairement masculin. Il est essentiel d’avoir des guides qui nous aident à comprendre l’impact des enjeux sur notre carrière. Les mentors avec lesquels j’ai pu avoir des échanges ouverts ont joué un rôle significatif. Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance d’être encadrée par plusieurs mentors qui ont agi comme des facilitateurs de carrière. Ils ont investi du temps pour me présenter à des personnes influentes du milieu, me permettant ainsi de faire valoir des points de vue qui divergeaient un peu de la norme à cette époque. Je leur suis profondément reconnaissante de m’avoir aidée à trouver un environnement de travail aligné avec ma vision, ce qui a favorisé l’atteinte de mon plein potentiel.

J’ai rencontré mon premier mentor à l’université, Pierre, qui a suscité en moi une passion pour la circulation. Par la suite, Michael m’a initiée à l’univers de la signalisation de chantier. Ces deux rencontres ont été déterminantes pour établir un lien significatif et construire un projet de carrière. Un grand merci à ces deux mentors pour leur influence positive.

 

8. Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie privée dans un domaine aussi exigeant que le génie-conseil ? Existe-t-il des stratégies ou des pratiques spécifiques qui vous ont aidé à maintenir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

Isabelle

La meilleure pratique consiste à cultiver le respect de soi et à bien comprendre ses propres limites, en accordant une attention particulière à notre bien-être physique et mental. Durant la période où mes enfants étaient plus jeunes, afin de réduire le stress et la pression additionnelle, j’ai pris l’initiative de diminuer mes obligations horaires hebdomadaires.

Cette approche, qui consistait à ne pas me mettre une pression supplémentaire et à reconnaître la possibilité de faire un peu moins, a grandement contribué à équilibrer de manière plus efficace mon temps et mon énergie, permettant ainsi une conciliation plus harmonieuse entre ma vie personnelle et professionnelle.

Pour atténuer le stress, j’ai toujours réservé une plage horaire régulière dans mon emploi du temps pour des cours d’entraînement physique, assurant ainsi un engagement constant envers mon bien-être.

 

9. Avez-vous rencontré des idées fausses ou des stéréotypes sur les femmes dans le domaine du génie-conseil, et comment abordez-vous ou remettez-vous en cause ces stéréotypes sur votre lieu de travail ?

Valérie

Depuis mes débuts professionnels, j’ai eu la chance d’intégrer un département où la présence féminine était déjà établie, éliminant ainsi les stéréotypes liés aux femmes. Cependant, il m’est arrivé, avec des personnes externes, qu’elles ne s’adressent pas directement à moi, privilégiant plutôt un collègue masculin. Face à ce genre de situation, la meilleure stratégie consiste à répondre directement à l’interlocuteur ou à compléter la réponse du collègue afin de démontrer notre aptitude à répondre aussi efficacement que nos homologues masculins.

 

10. Alors que la technologie continue d’évoluer rapidement, quelles sont, selon vous, les compétences cruciales pour la prochaine génération de femmes entrant sur le marché du travail dans l’ingénierie, et comment les établissements d’enseignement et l’industrie peuvent-ils mieux les préparer à relever les défis à venir ?

Martine

Selon moi, les compétences cruciales que la prochaine génération devra maîtriser sont l’adaptabilité et la capacité à exercer un jugement professionnel. Dans un contexte où l’intelligence artificielle occupera une place prépondérante, il sera essentiel que les futures ingénieures possèdent un sens critique affiné et soient capables de communiquer clairement leurs idées dans un environnement en perpétuelle évolution.

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