Journée internationale des femmes en génie : Ann Lussier et Marie-Michèle Garneau

Luc Jolicoeur

« Plus il y a de diversité dans les façons de fonctionner et de réfléchir, plus il y a de possibilités d’innovation. »

- ANN LUSSIER, ing. Associée, Directrice principale, Environnement, CIMA+

Pour souligner la journée internationale des femmes en génie, deux anciennes collègues d’université et maintenant collaboratrice sur les mêmes projets ont accepté de se rencontrer pour discuter de leur parcours et de l’apport des femmes dans le domaine. Nous avons donc le plaisir de vous présenter Ann Lussier, directrice principale du service Environnement de CIMA+ à Montréal, et Marie-Michèle Garneau, chargée de projet pour les grands chantiers du Centre de services scolaire de Montréal.

 

Ann : Pourquoi as-tu choisi un parcours en génie ?

Marie-Michèle : Mon parcours n’est pas conventionnel, j’avais de la facilité à l’école, les sciences, les langues, la littérature. Au Cégep, j’ai choisi un parcours en sciences humaines pour ensuite commencer un programme à l’université en rédaction professionnelle, car j’aimais beaucoup écrire. Toutefois, après quelque temps, je me suis rendu compte que le côté scientifique, le côté travail d’équipe sur un projet commun, ça me manquait beaucoup. Je voyais que le domaine de la rédaction professionnelle était un travail plutôt solitaire. Je suis donc retournée compléter les cours de science au Cégep pour ensuite me tourner vers le génie. J’ai choisi le génie puisque j’avais toujours un intérêt pour les sciences, mais aussi parce que c’est un domaine dans lequel il y a beaucoup de possibilités, autant le génie civil que la géologie, l’environnement, le génie des matériaux, etc. Ces disciplines s’entrecoupent et il y a une belle continuité dans le travail. Pour les tâches, tout est possible. On peut faire de la gestion, du travail de terrain, du travail technique, de la recherche, il y a une multitude de possibilités. Il y a de la place pour toutes les compétences et pour les personnes qui, comme moi, ont des intérêts variés et ont du mal à choisir une carrière. Ce domaine était parfait pour moi, car ça me donnait accès à énormément de possibilités.

Ann : Pour moi, ce fut d’abord un choc. J’avais choisi le domaine du génie pour plusieurs des mêmes raisons que tu as mentionnées. Je n’avais toutefois pas vérifié le pourcentage de femmes et d’hommes dans le domaine. Quand je suis arrivée à l’université, j’ai été franchement surprise de voir que nous n’étions vraiment pas nombreuses, et je suis sûre que tu as eu la même impression. Cela m’amène à te poser la question suivante : Selon toi, quelle est la contribution des femmes à l’industrie du génie ? Je pense que la réponse à cette question pourrait amener d’autres femmes à choisir de faire carrière dans le domaine.

Marie-Michèle : Cela fait plus d’une quinzaine d’années que je suis dans le domaine et je vois une certaine évolution. Il y a de plus en plus de jeunes femmes qui choisissent une carrière en génie. Sur le plan de la diversité, c’est bien de voir le nombre de femmes augmenter dans notre industrie. De toute évidence, nous avons les compétences pour gérer des projets, communiquer, comprendre ce qui se passe, poser les bonnes questions, faire exécuter les travaux sur les chantiers, etc. Le fait qu’il y ait plus de femmes dans le domaine a aidé à déboulonner le mythe des ingénieurs associés qui travaillaient 90 heures par semaine. Les choses ont changé et cela permet une meilleure conciliation travail-famille. On voit apparaître des modèles sains et inspirants, des climats plus équitables et cela se reflète dans le cadre des projets que nous réalisons.

Ann : On a aussi des modes de fonctionnement différents qui peuvent générer de nouvelles solutions. Plus il y a de diversité dans les façons de fonctionner et de réfléchir, plus il y a de possibilités d’innovation. On veut faire en sorte de sensibiliser les femmes aux opportunités qui s’offrent à elles dans le domaine du génie. Quels conseils aurais-tu pour encourager les femmes à choisir cette carrière ?

Marie-Michèle : D’abord, faites-vous confiance, donnez-vous le droit d’essayer, d’explorer d’autres avenues, que ce soit un profil plus technique, un travail de gestion, sur le terrain, voire en politique. C’est une erreur de croire que nous sommes des « imposteurs » dans un monde traditionnellement réservé aux hommes. Nous avons les compétences pour relever les défis liés à cette carrière. Il y a de la place pour nous, comme le démontrent celles qui nous ont montré le chemin et qui sont pour nous des modèles inspirants. N’hésitez pas à choisir de faire carrière en génie.

 

À propos d’Ann Lussier 

Ann Lussier est titulaire d’un diplôme en génie géologique de l’École Polytechnique de Montréal et est spécialisée dans le domaine de l’environnement depuis 2007. Elle s’est jointe à CIMA+ en 2011. Au cours de sa carrière, elle a développé une expertise pour la gestion de projets où les enjeux environnementaux sont multiples et complexes. Ann est la directrice principale du service Environnement de CIMA+ à Montréal depuis 2020. Elle a dirigé de nombreux projets environnementaux pour les secteurs institutionnels (universités, écoles) et publics (villes et ministères), l’industrie pétrolière, chimique et pétrochimique, ainsi que dans le secteur de la production/distribution électrique.

Luc Jolicoeur

À propos de Marie-Michèle Garneau

Marie-Michèle Garneau est détentrice d’un baccalauréat en génie géologique de l’École Polytechnique de Montréal. Elle a travaillé pendant une dizaine d’années en tant qu’ingénieure et chargée de projets à caractère environnemental, comme la caractérisation (phases I, II et III) et la réhabilitation de terrains contaminés selon la Loi sur la qualité de l’environnement. Elle agit actuellement comme ingénieure, chargée de projet pour les grands chantiers du Centre de services scolaire de Montréal.

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