Bâtir pour assurer la résilience climatique

Dans son 6e rapport paru en février 2022, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), composé de 270 membres provenant de 67 pays, prévient que plus l’on tarde à s’investir dans la lutte contre les changements climatiques, plus la fenêtre d’intervention pour limiter le réchauffement à 1,5 ou 2 degrés se referme. En effet, ce rapport conclut que « l’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a entraîné des effets irréversibles, puisque les systèmes naturels et humains sont poussés au-delà de leur capacité d’adaptation ». Le GIEC évoque donc la nécessité d’un changement de paradigme qui passe par un « développement résilient aux changements climatiques ».

Chez CIMA+, nous avons à cœur d’intégrer des mesures d’adaptation pour augmenter la résilience aux changements climatiques de tous les projets qui nous sont confiés, qu’ils soient nouveaux ou en cours de réalisation.

 

Étapes de l’analyse de la résilience climatique et études de cas

La première étape de l’analyse de la résilience climatique consiste à évaluer les projections climatiques locales. Ces données climatiques, colligées à partir de plusieurs sources fiables provenant des instances gouvernementales ou d’organismes reconnus comme Ouranos pour le Québec, permettront d’évaluer les modifications du climat futur dans le secteur concerné par le projet et selon le scénario relatif aux émissions (1) choisi. Une attention particulière est accordée aux sources ayant une plus grande précision géographique, puisque les impacts des changements climatiques sont très variables d’une région ou d’un secteur à l’autre. La deuxième étape évalue l’état du site et de l’infrastructure. Ce portrait du site combiné avec les projections climatiques permet en troisième lieu d’identifier les vulnérabilités, les risques et les impacts spécifiques au projet et enfin proposer les mesures d’adaptation appropriées selon les enjeux spécifiques à chaque site. En collaboration avec nos équipes en ingénierie, nous priorisons les critères de conception permettant d’augmenter la résilience des infrastructures sur lesquelles nous travaillons.

Prenons l’exemple de quelques-uns de nos projets réalisés dans la province de Québec. Les projections climatiques pour cette région sont souvent associées à une hausse des températures, à des épisodes de pluie plus intenses, à une augmentation de la teneur en eau de la neige, à un cycle gel-dégel plus concentré dans le temps et à des épisodes de temps violent plus fréquents. Il faut également comprendre que la résilience aux changements climatiques d’un bâtiment peut s’appliquer à la toiture, aux ouvertures dans ses parois, au revêtement et à l’isolation, aux systèmes d’eau et d’assainissement, aux éléments structurels, aux infrastructures de soutien, aux systèmes mécaniques ou aux éléments extérieurs.

 

 

Le projet « Vivre Saint-Michel en santé » avait pour objectif la construction d’un bâtiment communautaire à Montréal. Après avoir évalué les projections climatiques et le site sélectionné pour le projet, nous avons constaté que ce dernier se trouvait au centre d’un îlot de chaleur, créé par la densité des immeubles et des surfaces pavées. Les îlots de chaleur amplifient l’effet des canicules et sont souvent assimilés à des épisodes de smog qui ont un impact sur la santé.

Le projet « Domaine-Seigneurial-de-Mascouche » a également fait l’objet de l’une de nos analyses de résilience. Il présente un risque accru de glissement de terrain en raison de son emplacement dans une zone de bas de talus et de l’intensification des épisodes de pluie abondante.

Dans le cas du projet de valorisation d’une ancienne église située aux Îles-de-la-Madeleine, les résultats de l’analyse de résilience ont révélé que l’emplacement du site en élévation le rend moins vulnérable aux inondations. Toutefois, la portion sud des Îles-de-la-Madeleine est accessible par une voie terrestre située sur une bande très étroite de terre qui, elle, présente un risque important. Il se pourrait donc que le site en question soit isolé du reste de l’île si un évènement extrême, comme de fortes pluies survenait et causait des inondations sur la route d’accès.

L’évaluation des risques et des vulnérabilités climatiques, en fonction des probabilités et de la gravité des conséquences, nous a permis de proposer une série de mesures d’adaptation spécifiques à chacun des projets étudiés.

 

Exemples de mesures d’adaptation

Projet « Vivre Saint-Michel en santé »

  • Créer des îlots de fraîcheur en favorisant l’utilisation d’une toiture végétalisée ou de couleur pâle ;
  • Maximiser les zones d’ombre dans l’aménagement du stationnement par la plantation d’arbres en bordure et dans des îlots ou des bandes végétalisées ;
  • Concevoir des espaces de stationnement avec une structure surplombante munie de panneaux solaires permettant de créer de l’ombre tout en produisant de l’électricité ;
  • Augmenter l’isolation et l’étanchéité de l’enveloppe du bâtiment afin de réduire les gains de chaleur ;
  • Planter des arbres feuillus du côté ouest pour réduire la surchauffe estivale et optimiser le gain de chaleur en hiver ;
  • Dimensionner le système de climatisation adéquatement pour couvrir l’augmentation des températures estivales pour la durée de vie de l’équipement.

Projet « Domaine-Seigneurial-de-Mascouche »

  • Conserver un couvert forestier intact sur et en haut du talus pour minimiser le ruissellement de l’eau et éviter l’assèchement du sol, réduisant ainsi le risque de glissement de terrain.

Ces projets ne sont que quelques exemples de ce que nous faisons chez CIMA+ pour assurer la résilience climatique et la longévité des bâtiments et des infrastructures.

 

Sources

  1.  Définition Ouranos : Une représentation plausible du développement futur des émissions de substances à effet radiatif potentiel dans l’atmosphère, comme les gaz à effet de serre et les aérosols. Ces scénarios sont fondés sur des hypothèses quant aux forces sous-jacentes, comme le développement socioéconomique et démographique ou le changement technologique. Le RCP 4.5 est fondé sur une stabilisation des émissions de GES d’ici la fin du siècle, tandis que le RCP 8.5 est fondé sur une augmentation des émissions jusqu’à la fin du siècle. De ce fait, le qualificatif « modéré » est utilisé pour représenter le RCP 4.5, alors que le qualificatif « élevé » est utilisé pour le RCP 8.5.
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