Certains relevés de terrain sont plus difficiles à réaliser que d’autres. Prenons par exemple une ligne de transport d’électricité dont les pylônes sont érigés au beau milieu de forêts denses, elles-mêmes situées sur les îlots d’une rivière tumultueuse. Avec les procédés conventionnels de saisie topographique et visuelle, il faudrait aux techniciens au sol des jours d’opérations complexes et dangereuses pour cartographier cet environnement. L’acquisition récente, par CIMA+, d’un drone commercial surmonté d’un système LiDAR haute performance vient changer la donne. Grâce à cet investissement, ce type de relevé prend désormais tout au plus quelques heures à effectuer, et ce, dans des conditions beaucoup plus sécuritaires.
Cette innovation se démarque en outre de la photogrammétrie par drone, un service offert par CIMA+. « L’inconvénient de la photogrammétrie est qu’il est impossible de modéliser en 3D ce qui se trouve sous des obstacles terrestres, comme un couvert végétal. On reproduit ce qu’on voit depuis le ciel, point final », explique Guillaume Dubeau, gestionnaire des opérations de drones chez CIMA+. Avec le LiDAR, une technologie qui utilise des faisceaux laser afin de mesurer la position des éléments, on contourne ce problème. « La modélisation est complète, quasi instantanée et soumise à une moindre marge d’erreur », indique celui qui est pilote de drone certifié.
Les données géospatiales acquises par le LiDAR sont rapidement traitées par ordinateur – pour une demi-journée de terrain, il faut environ une journée de traitement. Les nuages de points générés permettent ensuite de décortiquer le projet couche par couche, en quelques clics. Cela facilite grandement les différentes mesures réalisées par les ingénieurs et les techniciens de CIMA+; la qualité globale des mandats s’en trouve améliorée. « Les résultats des relevés de terrain du LiDAR peuvent être transférés dans les logiciels auxquels recourent nos spécialistes. La synergie entre nos équipes est donc meilleure », affirme Julie Bétit, gestionnaire des innovations en capture de la réalité chez CIMA+.
À la fine pointe
Avant d’offrir le service de relevés de terrain au LiDAR par drone, CIMA+ a fait ses devoirs. Ainsi, la firme a mené maints projets pilotes à ce sujet au cours des deux dernières années. C’est à la fois l’amélioration substantielle des performances des drones et la miniaturisation des équipements de captation qui l’ont incitée à innover. « Cette technologie, en raison de sa taille et de sa conception, se devait jadis d’être déployée par hélicoptère ou par avion, ce qui impliquait des coûts d’exploitation élevés. De plus, la précision d’un LiDAR aéroporté pour cartographier de petites superficies laissait à désirer », se souvient Julie Bétit.
Ce n’est plus le cas. Le LiDAR Mapper+ de YellowScan, modèle sur lequel CIMA+ a jeté son dévolu, permet de capter 240 points par mètre carré, puis de les coloriser lors du même vol. Léger (1,1 kg) et précis (de 2,5 à 3 cm), son scanneur comprend trois faisceaux laser qui pénètrent facilement sous les obstacles, comme la végétation. Le tout intègre un système de navigation inertielle par satellites qui fournit une position, une vitesse, une accélération et une orientation précises. Le Mapper+ peut acquérir des données jusqu’à 100 mètres au-dessus du sol. « C’est le produit qui correspond le mieux à nos besoins à l’heure actuelle », résume Guillaume Dubeau.
La monture à partir de laquelle le LiDAR est exploité est le drone commercial Matrice 300 RTK de DJI. L’engin se compare à juste titre à un petit avion moderne : il offre jusqu’à 55 minutes de vol, résiste sans problème aux intempéries et fonctionne à des températures pouvant osciller entre -20 °C et 50 °C. Surtout, ses nombreux systèmes de redondance garantissent des vols sécuritaires. « L’appareil est très sécuritaire », insiste Guillaume Dubeau, qui précise que tous les pilotes de CIMA+ sont titulaires d’une licence pour les opérations avancées. CIMA+ détient par ailleurs une couverture d’assurance aviation pour les entreprises.
Un monde de possibilités
L’avènement des relevés de terrain au LiDAR par drone pourrait faciliter plusieurs chantiers. Au printemps dernier, CIMA+ a ainsi cartographié une populaire piste cyclable montréalaise située le long de berges végétalisées, et ce, en moins d’un jour. Les suivis de l’érosion côtière causée par les changements climatiques seront plus simples à réaliser grâce à cette innovation, tout comme les relevés de terrain en bordure d’autoroute. « Cette technologie pourrait même être utilisée dans le domaine résidentiel, pour des projets de futurs quartiers développés sur des terres avec de la végétation dense dont il est difficile d’établir les courbes topographiques », conclut Julie Bétit.